Le Bénin face aux OGM
Quelle est la position exacte du Bénin par rapport aux Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) ? À moins de se lancer dans des interprétations influencées par les convictions et les intérêts en jeu, nul ne saurait avoir une réponse précise à cette interrogation. Osons le dire, dans ce débat sur l’adoption ou non des OGM, le Bénin apparaît comme un réseau routier sans signalisation.
Pourtant, cela fait bientôt 5 ans qu’a expiré le second moratoire sur la commercialisation, le transit et la manipulation des produits transgéniques ou de leurs dérivés. Un moratoire pris le 12 Mars 2008. Et jusque-là, pas la moindre décision courageuse pour rendre officielle et lisible de tous la position du Bénin. Pourtant, cette décision est tant attendue depuis l’atelier national sur les risques liés à l’utilisation en agriculture des OGM en 2001. Pendant plus de 16 ans donc, les acteurs n’ont fait que se tirailler, souvent à la veille de la fin des moratoires. Le moratoire du 06 mars 2002 et celui pris le 12 Mars 2008 n’ont pu faire bouger les lignes.
Pendant ce temps, le Burkina-Faso a eu le temps de les expérimenter à travers le Coton transgénique et de tirer les conséquences économiques et écologiques. Il y a renoncer. Et dire qu’avec la porosité de nos frontières, conjuguée au vide juridique actuel, les OGM sont dans les plats et sur le corps des Béninois. Et cela peu importe que l’on soit « Pro » ou « anti » OGM. À travers cette indécision, le patrimoine génétique national est mis à rude épreuve de contagion, la santé des populations également. D’ailleurs, les esprits se chauffent à nouveau, avec des images de sachets de semences griffés Monsanto qui ont circulé un moment sur les réseaux sociaux. Alors, on est obligé de se demander où est passée cette veille citoyenne menée par les acteurs de la société civile. L’expérience du Burkina Fasso devrait les convaincre que les OGM constituent une menace pour le Bénin.
La caducité du moratoire signifie-t-elle une tacite adoption des OGM au Bénin ?
D’aucuns diront que le Bénin ayant ratifié le protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques, un rejet des OGM n’est pas envisageable. D’autres pensent qu’avec la construction et l’équipement d’un laboratoire de génétique à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), désigné en juin 2009 comme laboratoire national de la biosécurité, la marche est irréversible vers une adoption pour ne pas tout perdre.
Cependant, le risque de l’érosion génétique est là. A force de se laisser guider par les intérêts en jeu, nous ne valons plus qu’une feuille morte qui se laisse emporter par le vent, aussi bien en enfer que vers le bonheur. Pensant à nous et aux générations futures, décidons ! En attendant une précision de position, des jeunes initient des solutions pour développer l’agriculture.