De passage à Bassila, nous avons découvert une coopérative de femmes transformatrices de riz étuvé dévouées à la tâche. Sur suggestion de leur conseiller local d’entreprises Mathias EYE nous n’avons pas hésité à leur rendre visite pour en savoir plus sur cette activité peu connue du grand public. Une activité pourtant indispensable pour la consommation d’un bon riz local. Alidou MOUSSA Roukiatou, Secrétaire de la coopérative villageoise transformatrice de Riz ALAFIA, a accepté avec plaisir de mieux nous en parler.
Une coopérative partie de loin !
Selon la secrétaire, au départ ce n’était pas une coopérative mais un groupement de femmes qui travaillent individuellement. Elle-même après avoir intégré le groupement en 2012, a proposé qu’elles se mettent ensemble pour créer une coopérative. L’idée de devenir une coopérative a été émise dans le but de mieux s’organiser pour rechercher des appuis. Aujourd’hui Alidou MOUSSA Roukiatou est responsable dans le bureau de la coopérative. Elle est accompagnée par une présidente et une trésorière. La coopérative compte en tout neuf (9) femmes.
Bon à savoir
Institut Nationale pour la Promotion de la femme
Les femmes sont présentes dans une proportion de :
60 à 80% de la main d’œuvre agricole ;
82% dans la production animale.
Alidou MOUSSA Roukiatou toujours dans son propos, nous explique qu’avant ce n’était pas sur le site où la rencontre se tient qu’elles travaillaient. « C’était dans nos propres maisons. Puis la CTB (Actuel Enabel) nous a appuyés en équipement, en kits et en bâches. Ensuite elle nous a aidé à avoir une décortiqueuse, calibreuse et nous a aidés à avoir l’atelier de transformation depuis quelques semaines.
Le transport nous coûtait cher avant on ne pouvait pas faire une tonne par semaine puisque nous n’avions pas d’équipements adaptés. Nous y arrivons maintenant grâce à leur appui. Parfois nous étuvons plus d’une tonne. »
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L’étuvage du riz en lui-même
Pour faire l’étuvage de riz, on prend le riz paddy chez les producteurs. L’objectif est qu’il devienne du riz jaune. On commence par le vannage (on voit si on a du bon riz). Ensuite nous passons au lavage : on lave au moins 4 fois. Puis on tri pour enlever des impuretés, après on passe au trempage. Le lendemain matin nous passons à l’étuvage et ensuite on sèche au soleil. Après trois heures de temps on fait le séchage à l’ombre. Le lendemain matin, on ramasse et on passe au décorticage. Après le décorticage on passe au tri que nous sommes en train de faire actuellement. Le processus dur en gros trois (3) jours.
La capacité de la coopérative
Actuellement par semaine la coopérative produit une tonne de riz étuvé. C’est pendant les semis qu’on ne trouve plus de paddy à Bassila qu’on va au Togo chercher. En général nos principaux fournisseurs sont les producteurs de Bassila. Ils fonctionnent aussi en coopérative.
« Nous n’avons pas encore d’emballages pour notre riz »
Alidou MOUSSA Roukiatou
« Nous n’avons pas encore d’emballage pour notre riz étuvé. On a des clientes qui quittent Manigri (arrondissement de Bassila). Elles disent de combien de kilogrammes elles ont besoin. Nous amenons aussi notre riz dans les différents marchés à proximité. Dans notre coopérative, nous avons désigné deux parmi nous qui sont chargées de la commercialisation, comme celle qui vient de partir à la foire. » précise-t-elle.
Des difficultés dans le parcours menant au riz étuvé
« Les difficultés qu’on rencontre sont nombreuses madame. En ce qui concerne la transformation, nous avons visité d’autres sites qui ont des dispositifs qui leur facilitent la tâche. Alors qu’une action peut nous prendre plus d’une heure, dans ces sites en trente minutes ils ont fini la même action. Regardez nos foyers aussi, à Agouagon c’est un seul foyer avec une grande barque où on verse 300 kg alors que nous faisons ici 40kg répartis dans 4 marmites. Pendant que nous étuvons une tonne par semaines ces sites étuvent une tonne par jour.
Aussi nous n’avons pas d’air de séchage, ce sont les bâches que vous voyez que nous utilisons. Nous avons aussi des problèmes d’eau car c’est difficilement que nous avons de l’eau. Les maisons dans lesquelles nous puisons de l’eau ne sont pas toujours favorables à cela surtout en période de sécheresse. Nous sommes obligées d’aller chercher l’eau de pompe qui nous revient chère. Nous avons donc besoin d’avoir un forage.
Dernier mot qui devrait être le premier…
La secrétaire de la coopérative a remercié de la CTB qui leur a permis d’avoir un site et du matériel adapté. L’autre message qu’elle a voulu porter est un appel à l’aide. Nous avons besoin d’un marché d’écoulement du riz étuvé. A travers la gravité de ses mots on apercevait l’importance de ce besoin pour elles. « S’il y avait un marché d’écoulement, on allait produire plus car des fois on produit sans pouvoir vendre ce qui ralenti nos activités. »
Sans transition elle termine par ceci :
« L’autre besoin qu’on a c’est une trieuse car dans le riz que nous produisons, il y a encore quelques cailloux. La trieuse va nous permettre d’enlever toutes les impuretés, on ne fera pas le triage à la main. »