Belles, sans ailes. Rigides dans sa carapace mais fragile dans sa peau. Endurantes contre les vagues mais lentes contre les menaces, les tortues s’éclipsent. Alors que le monde s’effondre autour d’elles, elles ne peuvent galoper pour échapper aux prises des curieux de nos plages. Elle n’est pas non plus si intelligente pour échapper aux plastiques. L’amusante tortue devra s’éclipser, elle aussi, si nous ne faisons rien.
Peut-être que beaucoup diront qu’aussi petite soit-elle, elle ne pèse pas assez dans la biodiversité. Ce serait pour beaucoup une espèce de trop dans la nature et dont on ne devrait pas s’émouvoir de la disparition. « Ne déprécie pas la tortue à cause de son humilité, il se peut qu’elle te guide demain », enseigne un proverbe Ovambo.
En réalité, la tortue est une espèce peu connue des hommes parce que, peut-être, pas trop habile pour les effrayer. On ne peut avoir qu’une âme brève pour ne découvrir que sa lenteur. Sous l’inoubliable lourdeur de ces écailles, elle sait donner le meilleur aussi à son entourage, à ses visiteurs, surtout les plus jeunes.
Des huit (8) espèces au monde, nous avons au moins six (6) dans l’Atlantique dont 4 connues. La première, c’est la tortue « luth ». Nos amis des zones humides l’appellent ‘’Agbossèguè’’. C’est la plus grosse des tortues au monde. Elle peut atteindre 700 voire 900 kg. Ensuite, il y a la tortue olivâtre, une espèce moyenne qui vient sur nos plages pour pondre ses œufs. C’est d’ailleurs la plus connue au Bénin. Il y a aussi la tortue verte qui se retrouve proche de notre côte mais qui pond rarement des œufs. Sa présence au Bénin se justifie par la disponibilité de certaines algues. On ne peut oublier la tortue imbriquée appelée tortue à écailles, la plus menacée au Bénin.
Les tortues marines constituent non seulement une source de richesse, mais également une source d’éducation. Ailleurs, les touristes affluent pour les contempler. Elles valent mieux qu’une carapace. Elles ont toutes besoin d’un minimum de protection. Les unes contre les consommateurs de leurs œufs et de leurs chairs, les autres contre les exploitants de leur huile en médecine traditionnelle. Les tortues ont besoin de nous contre les pollueurs des eaux.
Agissons pour que la prochaine génération ne découvre pas que les paroles de cette chanson: « Jamais on n’a vu, Jamais on ne verra, la famille tortue courir après les rats! ».