Dans son élan pour aider les couches défavorisées de la population, DEDRAS ONG pilote depuis quelques années, le projet « FDOV-Cracking the nuts ». L’un des volets de ce projet consiste à appuyer des pépiniéristes en vue du développement de la filière anacarde. Cet appui se traduit par les formations et le suivi des techniciens en la matière.
Au nombre des bénéficiaires, le cas de Tabé Bouko mérite une attention particulière. Il a réussi à faire de cette activité une profession à plein temps. Et cela grâce à l’accompagnement technique par le biais des séances de formation, et l’appui en équipements adéquats de travail reçus. Allons ensemble à la découverte de ce sexagénaire, exemple d’une reconversion réussie.
Qui est Tabé Bouko ?
Agé de 65 ans, notre personnage est un homme marié et père d’une douzaine d’enfants. Dans son village natal de Pèdarou (7 km environ au nord de Bembéréké), il coule de beaux jours au milieu d’une communauté paisible et solidaire. Derrière son apparence longiligne, se cache une dévotion au travail bien fait. Il y a encore quelques années, il n’avait qu’une activité : l’agriculture. Il arrivait alors, non sans peine, à subvenir à ses besoins élémentaires. Mais sa santé prenait un coup au fil du temps, au fil de l’âge.
Il s’est alors découvert des talents de pépiniériste. Cela fait 9 années qu’il met des plants en pot. Avec une formation sur le tas, Tabé Bouko s’intéressait à diverses espèces. Au départ, il s’agissait pour lui de réutiliser ces plants dans ses propres plantations. Il ne faisait guère plus que quelques dizaines de pieds, surtout non greffés. Ainsi, après s’être servi, il revendait le reste à quelques agriculteurs du village.
Comment il est devenu un pépiniériste greffeur professionnel
Au bout de quelques années, une activité qui n’était qu’une option pour lui s’est muée en son principal et unique gagne-pain. Dès le lancement de ce projet piloté par DEDRAS-ONG, il fait partie des premières promotions à bénéficier de la formation offerte aux cibles. « Cet appui m’a été d’une grande aide », a-t-il laissé entendre. Il continue en ces termes : « je ne savais pas que je pouvais en faire une activité importante. Pour moi, je pratiquais cela pour juste approvisionner mes propres plantations. Mais grâce à cette formation, j’ai compris que je pouvais devenir un pépiniériste professionnel ».
Il n’a pas manqué de reconnaître l’accompagnement en matériels et équipements requis de greffage, puis l’appui des agents de DEDRAS-ONG qui effectuent avec lui (au même titre que les autres bénéficiaires) un travail de suivi-conseils. Et grâce à ces accompagnements, la profession de pépiniériste greffeur a, après quelques années de pratique, définitivement pris la place de l’agriculteur producteur de vivriers et autres cultures. La production de plants greffés d’anacardiers devient son principal métier. Ce qui engendre, pour lui, des bénéfices conséquents et des bienfaits sur plusieurs plans.
Les avantages liés à son nouveau job
Pour Tabé Bouko, il est loin de regretter d’avoir réorienté ses activités. « Je me sens plus à l’aise avec cette activité. Vu mon âge, s’il fallait m’adonner aux activités champêtres, quelle superficie pourrais-je encore emblaver pour subvenir aux besoins de ma famille ? », s’interroge l’homme, l’air satisfait. En effet, la production agricole requiert, nous le savons tous, une forte dose d’énergie, encore plus à l’état rudimentaire tel qu’elle est pratiquée par de nombreuses personnes. Par contre, la pépinière ne nécessite pas autant de force physique.
« S’il est vrai que chaque métier a ses exigences au-delà de la force physique, celles de pépiniériste greffeur se trouvent dans le don de soi, l’amour du travail bien fait, la concentration et la précision, et plus est la disponibilité. Cependant, je ne me plains pas du tout de ce métier. Grâce à mes revenus générés annuellement, en dehors des dépenses de ménage, j’ai successivement supporté la scolarité de deux de mes enfants pour une formation en infirmerie au Burkina-Faso. Lorsque le premier a bouclé sa formation, j’ai envoyé le second. Si ce n’était pas cette activité, comment pourrais-je mobiliser autour de 800.000F chaque année depuis 6 ans ? »
En effet, il importe de préciser que notre pépiniériste, grâce à ce métier, réussi à faire un chiffre d’affaire annuel bien au-delà du million. Selon ses dires, les années les moins fructueuses, il peut réaliser une vente de plus de 1.500.000 FCFA. Une performance très louable au vue de l’investissement initial plutôt dérisoire.
Le pépiniériste a encore des défis à relever
Ce résultat, Tabé Bouko le doit à sa détermination, mais surtout, à son application qui lui a valu un fort taux de réussite en greffage. Il est reconnu comme l’un des meilleurs greffeurs encadrés par le projet avec un taux de réussite variant entre 92 à 95%. De quoi être fier et pouvoir envisager des projets pour améliorer son entreprise.
Dès qu’il en aura fini avec ces charges dues à la scolarité de ses enfants en terre burkinabé, Tabé Bouko compte investir dans l’acquisition d’un matériel roulant. « J’ai besoin d’un tricycle. Cela me sera d’une grande utilité afin de collecter le terreau, les greffons et d’autres intrants », nous a-t-il fait entendre.
Qu’en est-il des difficultés rencontrées ?
Tout n’est pas rose dans le métier de pépiniériste. Tabé Bouko a aussi évoqué les difficultés qu’il rencontre. Par exemple, il existe des périodes de l’année durant lesquelles, trouver de l’eau constitue un véritable chemin de croix. La zone de Bembéréké entière connait ce problème de pénurie d’eau. Et « dans ces périodes, il me faut parfois veiller jusque tard dans la nuit pour pouvoir arroser mes plans », a-t-il déclaré.
Au problème de manque d’eau de façon saisonnière, s’ajoute le besoin d’une aide auprès de lui. A deux, les travaux seront évidemment plus rapides. Le pépiniériste se désole de ce que les jeunes qui sont plus vigoureux ne s’intéressent pas à cette activité pourtant prometteuse.